vendredi 26 août 2011

Et un jour, tout recommencer...de Marie Laure BIGAND


« Chacun devrait avoir le droit de proclamer : « Stop, je « pause » ma vie quelque temps, laissez-moi la digérer, laissez-moi faire un point sur moi même, laissez moi retourner à ce que j’étais vraiment, laissez moi et ne me demandez pas de me justifier, laissez-moi ! » A l’intérieur les mots martyrisaient son cœur. Elle en était encore à la culpabilité. »









Une fuite pour se retrouver

Valérie quitte son domicile dans la région parisienne un matin pour rejoindre un gîte en Lozère. Dès les premiers pages, nous comprenons la profonde souffrance en elle pouvant expliquer ce départ brutal laissant les siens avec quelques mots sur la table de la salle à manger « je pars, ne me cherchez pas… ». Les siens : trois enfants et un époux…puis également Christelle et Antoine que nous découvrirons un peu plus tard dans l’aventure. Au fil des pages, nous traversons les différentes étapes du cheminement que va mener Valérie pour se retrouver et nous apprenons à découvrir les raisons de son départ et de sa tristesse.

Après la Lozère, elle ira retrouver sa tante dans le Luberon. Cette dernière, par sa propre détermination et son courage pour une existence choisie la guidera à sa façon.

« Souvent elle se jugeait lâche de ne pas avoir eu le courage d’affronter Alain, ses enfants, de ne pas avoir réussi à leur dire qu’elle était épuisée, que plus rien ne l’intéressait, qu’elle n’aimait plus leur quotidien, qu’elle se faisait l’effet d’être transparente. Mais au fond d’elle, elle savait bien que c’était de fausses raisons, que les vraies restaient à résoudre et qu’elle refusait encore de les affronter. Lorsque la culpabilité l’envahissait un peu trop, elle se disait qu’après tout elle méritait ces vacances là, et continuait dans cette échappatoire dont elle maîtrisait maintenant toutes les ficelles. »

Au bout de quelques mois elle rejoindra La Rochelle où vit une de ses anciennes collègues de travail. Celle ville sera un tremplin à sa propre histoire par une rencontre inattendue et bouleversante

Chaque stade permet de mieux comprendre le passé et l’état de Valérie. Des rencontres plus ou moins importantes ponctueront également les trois pèlerinages lui offrant au contact des autres l’opportunité de mieux se connaître tout en analysant des épisodes de sa propre existence.

Un tourbillon d’émotions

L’auteure excelle dans les descriptions n’hésitant pas à nous donner l’ensemble des éléments nous permettant de nous plonger totalement dans cette histoire. Nous vibrons avec Valérie grâce à l’harmonie des mots et un récit construit d’une main de maître. La succession des différentes étapes et la parcimonie des indices permettent de tenir en haleine le lecteur tout en le faisant passer par toutes les émotions. Si la tristesse est au rendez vous, nous retrouvons une sensualité et une sensibilité débordante.

« Au bout d’un long moment, de sa main libre, Stéphane attrapa avec délicatesse le menton de Valérie et l’obligea à le regarder. Dans son cœur, elle avait vingt ans, un large sourire dans les yeux, et le corps cotonneux. Il lui caressa la joue avec lenteur ; elle posa à son tour sa main sur sa barbe et la parcourut du bout des doigts d’effleurements maladroits. Il la prit dans ses bras et l’amena contre lui. Un vent discret balayait leurs cheveux et soulevait par endroits le sable. »

« Il n’était pas capable d’embrasser mais il était capable d’une immense tendresse, et c’est le bien le plus précieux qu’ils pouvaient s’offrir l’un à l’autre. »


Je pense que cette phrase même si elle n’est pas la dernière de ce roman permet de donner un aperçu de l’histoire dans laquelle Marie Laure BIGAND nous entraine avec brio.

« Elle réalisait que c’était grâce à sa fuite qu’elle avait réussi à prendre de la distance avec elle même. »







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