dimanche 21 août 2011

Entretien avec Annick Stevenson à l'occasion de la sortie de son premier roman "Génération Nothomb"

Journaliste, auteur et traductrice française, Annick Stevenson, qui vit aujourd’hui près d’Annecy, ignore les frontières. Elle a longtemps parcouru le monde pour les Nations Unies et vécu dans plusieurs pays qu’elle a toujours eu du mal à quitter. Son dernier ouvrage, Blanche Meyer et Jean Giono (récit littéraire sur l’amour caché de Jean Giono) a paru chez Actes Sud en 2007. Génération Nothomb est son premier roman. Pour en savoir plus sur les livres de l’auteur et son parcours, vous pouvez consulter son site : http://www.annickstevenson.com/index.htm



1°) Journaliste pour les Nations Unies, traductrice, auteure de Blanche Meyer et Jean Giono paru chez Actes Sud en 2007, nous ne vous attendions pas avec un premier roman ayant pour thème Amélie Nothomb. Comment l’idée de ce roman est elle née ?

L'idée m'est venue de l'expérience vécue par mon propre neveu, qui n'aimait pas du tout lire quand il était enfant. Or, un jour, il avait peut-être 19-20 ans, il m'a annoncé fièrement s'être « mis à la lecture » après avoir acheté, et lu, un roman d'Amélie Nothomb. C'était une révélation. Après avoir lu plusieurs de ses romans, il s'est intéressé à d'autres auteurs. Le désir était né. J'ai appris par la suite qu'il n'était pas un cas isolé, que de nombreux jeunes prennent goût à la lecture après avoir lu un livre d'Amélie Nothomb, parfois parce qu'un enseignant a eu la bonne idée de l'inscrire au programme scolaire. Depuis, j'ai rencontré la romancière à plusieurs reprises pour l'interviewer sur ses nouveaux romans. Evidemment, comme tout auteur de bestsellers, elle attire des foules lors de chaque apparition publique. Mais ce qui la distingue, c'est qu'elle entretient une relation épistolaire unique avec un nombre considérable de lecteurs : des jeunes garçons et filles, mais aussi des hommes et des femmes plus âgés. Elle les reconnaît lorsqu'ils viennent lui faire signer un livre, les appelle par leur prénom, leur pose des questions personnelles démontrant qu'elle prend à cœur cette relation. J'ai voulu me mettre dans la peau de l'un d'entre eux pour mieux comprendre comment se tissaient de tels liens.

2°) Avez vous lu l’ensemble des romans d’Amélie Nothomb pour réaliser ce roman? Si oui, quel est votre préféré et pouvez vous nous dire pourquoi en quelques mots ?

Oui bien sûr j'ai lu, ou relu, tous ses romans. J'y ai pris beaucoup de plaisir. Non seulement les intrigues sont originales, mais j'adore les clins d'œil qu'on y trouve, les petites affirmations drôles et pleines de bon sens, qui donnent à réfléchir, ébranlent des certitudes ou font tomber les tabous. J'aime beaucoup son humour. Et j'ai donc eu envie, en les relisant, de souligner dans mon roman quelques-uns de ses jeux d'écriture et idées-forces.

Je crois mon favori reste Hygiène de l'assassin. Mais j'ai beaucoup aimé aussi Les combustibles, Biographie de la faim, Acide sulfurique, Péplum, Le Voyage d'hiver, etc. Et ceux qui ont le Japon comme cadre : Métaphysique des tubes, Stupeur et tremblements, Ni d'Eve ni d'Adam. J'aime bien aussi le tout dernier, Tuer le père.

3°) J’ai noté la construction intelligente et délicate de votre premier roman. Quelle a été votre méthode de travail ? Avez vous des rites dans l’écriture comme Amélie Nothomb ?

Oh je suis loin d'être aussi organisée qu'elle ! J'ai un peu tâtonné au début, alterné les extraits d'authentiques forums avec les lettres fictives que mon personnage, Sam, envoie à Amélie, puis j'ai rééquilibré les chapitres car j'avais cité trop d'extraits, et finalement, comme je trouvais Sam un peu trop seul, j'ai rajouté de courts dialogues avec sa tante, également en alternance avec le reste. Au début, j'était tentée d'écrire davantage comme une journaliste, presque sous une forme documentaire, puis j'ai romancé de plus en plus, je me suis laissée prendre par l'histoire au fur et à mesure que je l'écrivais. La fin, que j'avais d'abord imaginée différente, s'est alors imposée d'elle-même.

4°) Que répondez vous aux détracteurs d’Amélie Nothomb et notamment à tous ceux qui disent que ce n’est pas de la littérature?

Je pense que ceux qui disent cela ne l'ont pas vraiment lue. Ils devraient, car il s'agit vraiment de littérature, avec tout ce que l'on peut espérer y trouver, des intrigues et revirements étonnants, des surprises, des allusions subtiles, des drames, de l'amour, de la haine, du sang, du doute, une fin qui bouscule tout. Le tout enrobé dans un style tout en finesse et raffinement. Certains longs paragraphes sont d'une telle beauté qu'ils devraient être lus dans les écoles comme exemples d'expression d'une sensation ou d'un sentiment. J'en ai reproduit plusieurs dans mon livre.

5°) A chaque fois, vous réussissez à créer la surprise. Quel est votre prochain projet littéraire si vous pouvez nous l’évoquer?

Il est un peu prématuré d'en parler, mais ce sera en effet encore tout autre chose !

AddInto

Aucun commentaire: