« Nous sommes tous d’immenses barrages remplis d’eau, ces sentiments qui cognent fort, toujours plus fort…jusqu’à ce que les parois se fissurent. » Une belle métaphore relevée dans ce livre de qualité.
Les échanges épistolaires et le style Samantha BAILLY
Je suis un passionné de littérature et les échanges épistolaires ont toujours été pour moi un réel moment de partage et d’émotion. Je me surprends parfois à piocher au hasard une lettre dans un livre épistolaire et à relire à partir de là toute la correspondance. La déception n’a pas été au rendez vous à la lecture de ce livre, je me suis encore laissé prendre au piège.
Je vous rassure cher lecteur, j’ai lu entièrement le livre de cette jeune plume prometteuse. Je peux même vous assurer qu’en deux soirées le livre était terminé. Je ne pouvais plus m’arrêter, le souhait de toujours connaître la lettre suivante m’envahissait. La pire erreur étant peut être dans ce style particulier l’essoufflement et la perte du lecteur mais ici ce n’est réellement pas le cas, on se laisse entrainer rapidement par ce style séduisant. Les mots sont habilement utilisés et les deux personnages se dévoilent à un bon rythme. Nous noterons d’ailleurs l’évolution des termes utilisés pour clôturer les lettres, un souci du détail réfléchi laissant place au changement de tonalité des relations. Le passage du tutoiement au vouvoiement est rondement mené en se faisant tout en douceur. Au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire, j’ai eu peur d’une chose : c’est que je retrouve ce fameux essoufflement à la fin. Mais le pari est réussi, il est même plus que réussi car les plus sensibles verseront une petite larme dans les dernières lettres…mais je ne vous dirai rien cher lecteur de plus…est ce qu’il s’agit de larmes de joie, d’anxiété, de peur, de trouble? Non, non et non, vous devez lire ce livre pour ressentir les frissons dans votre propre corps.
L’histoire
Tout commence le samedi 21 novembre 2009 à Caen. Gabrielle reçoit dans sa boite aux lettres une étrange lettre d’Antoine. Ce dernier l’a postée par hasard (en apparence seulement…) dans cette boite en expliquant que « nous ne nous connaissons pas mais j’ai eu l’envie irrésistible d’écrire ». Gabrielle malgré quelques réticences va petit à petit se prendre au jeu et les échanges vont s’intensifier jusqu'à devenir indispensables. La forme peut surprendre à l’heure des réseaux sociaux et des différents « chat » mais comme l’explique Antoine ;
« Ici, c’est juste plus réel, parce qu’il y a le contact du papier, le fait de poster l’enveloppe plutôt que de cliquer simplement sur « envoyer » ».
Au fur et à mesure, les protagonistes se dévoilent. Le travail pour l’un, la vie universitaire et les doutes pour l’autre mais aussi leur couple respectif. Leur vision de la société actuelle est également abordée avec réflexion et de nombreuses pensées. D’ailleurs Gabrielle n’hésitera pas à dire que « cette correspondance me donne l’illusion d’un jardin secret. »
Si le livre ne se compose que de lettres, Antoine et Gabrielle vont malgré tout se rencontrer physiquement le jeudi 4 mars 2010. Cela sera source de réflexions et d’interrogations.
« Alors, comme toi, je me demande si se rencontrer c’est une bonne idée ; quelque part, ne serait ce pas rompre cette sphère intime de confidences ou le jugement de l’autre, inconnu, n’a aucune importance. »
La relation homme femme : vers les chemins de la complexité
On s’interroge souvent sur la réelle possibilité de la relation d’amitié homme/femme. Leurs échanges semblent clairs, ils sont même précisés au milieu du livre très nettement par Antoine sur demande de Gabrielle mais au fond est ce que ce n’est pas qu’une clarté remplie d’obscurantisme ?
« Tu comprends, quelque part, nous restons des étrangers l’un pour l’autre, et aussi, il faut bien le dire, un homme et une femme ».
Le pari est trois fois réussi, dans le style, dans l’histoire et dans la traduction du rapport homme/femme. Un livre à lire sans hésitation.
Une chronique à découvrir sur le site 1001livres également:
http://www.1001-livres.fr/1564-Lignes%20de%20vie
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