Un extrait de ce court mais bouleversant roman est difficile à choisir tant j’ai souligné de passages au fil de ma lecture. Néanmoins, celui-ci a peut être plus retenu mon attention qu’un autre, « en un quart de seconde ce mal moderne a fracturé ma propre vie. Après la tienne. Et en fera de même de tant de gens qui t’aiment. Notre amour se vide et nous ne faisons rien pour empêcher son acte suicidaire. Car c’est bien de cela qu’il s’agit finalement, notre amour se suicide volontairement ». J’ai distingué au fond trois grandes étapes à la lecture de ce livre profondément bouleversant.
Un cri d’amour comme prolégomènes
Dans un premier temps, le cri d’amour est très perceptible de la part de la narratrice. Un amour profond et passionnel unit ce couple. La notion du temps est omniprésente et pour cause comme nous le verrons dans un second temps. « Le passé s’éloigne, je veux le retenir, malgré toute ma détermination, il s’efface. Un passé définitif mais cependant inachevé. L’avenir se trouble, douloureusement. Ne reste que ce présent trop présent, là, qui nous enveloppe trop serrés comme une seconde peau ». L’écriture sensorielle de l’auteur envoute le livre tant il en émane des parfums de poésie agréables avec des phrases courtes synonymes de l’immédiateté des sentiments. Si tout au long du livre, l’écriture semble automatique tant nous ressentons les sentiments de la narratrice, nous ne pouvons qu’observer le génie poétique du choix dans les mots et dans les constructions des phrases.
La maladie, l’amour et le sacrifice
Mais comment réagir quand dans une histoire si passionnée, l’homme devient malade. Ce « mal moderne » va-t-il dépasser leur union ou la briser ? La rupture, étape difficile représente la seconde étape de ce livre avec la dure réalité de la maladie. « Le couperet est tombé », expression que nous retrouvons à plusieurs reprises et dans laquelle nous ressentons la dure sentence. Bien entendu, la séparation sera un dur moment à vivre avec beaucoup de remise en questions et la notion de sacrifice également. « Je tourne en rond. A ne penser qu’à toi, je me suis oubliée, jusqu’à ne plus discerner que de l’indifférence envers moi-même. Jusqu’à ne plus m’intéresser. Accordant si peu d’importance à ma personne mais, en octroyant tant à la tienne. Ma principale activité du moment. » Il n’y avait pas grande solution, soit c’était lui, soit s’était elle qui prenait la décision de partir. C’est lui mais la chose est bien douloureuse quand l’amour est toujours là, présent.
Un début de résurrection
Comment surmonter l’épreuve, le passage par l’amitié représente l’idéal évoqué. «Je prendrais tout l’amour dans les cœurs qui s’ouvriront pour de nouveau faire exister ce sentiment dans le mien. Je prendrais toutes ces mains qui se tendront vers moi, sans les lâcher, jusqu’à les broyer pour y extraire toute la tendresse qu’elles contiennent. Je ferais avec ce monde tout autour, un échange de chaleur. » Mais le passage par les autres ne se retrouve pas en antinomie lorsque l’auteur évoque également la solitude nécessaire dans ce moment. Une très belle et brisante histoire d’amour dans laquelle nous retrouvons une narratrice talentueuse dans les malheurs rencontrés avec une écriture spontanée et magnifique. Notre cœur ne peut que vibrer derrière chaque mot minutieusement choisi.
La vie suspendue de Marie Barrillon, une histoire bouleversante à ne pas manquer !!
Une chronique à retrouver sur le site 1001 livres!
http://www.1001-livres.fr/1095-La%20vie%20suspendue